mercredi 7 février 2007

Déchu.

J'ai toujours voulu être fort, je croyais l'être, même. J'ai cru avoir beaucoup combattu. Je pensais avoir remporté de nombreuses victoires, fruit de mon entraînement. Tous seul, la nuit, au milieu des néons, je me suis vu surpuissant, j'étais le roi, l'empereur. Je pensais pouvoir écraser mes ennemis, comme des fourmis, les balayer d'un revers de main, tel un ouragan meurtrier, tel un Dieu punissant ses fidèles. Je n'ai pas pensé que passé et présent se rejoignent. Après chaque échec je me suis relevé, plus grand et plus fort. C'est grâce aux erreurs que l'on progresse, parait-il.

Mais lorsque l'on chute, nez contre terre, les deux genoux sur le bitume, alors le passé s'efface, et seul subsiste alors la douleurs et l'échec. Les exploits passé, aussi éclatants soient-ils, s'effacent et disparaissent,puis l'on tombe dans un océan de néant et de vacuité.

Je pensais inscrire mon nom en lettres de feu dans le ciel bleu de la victoire, mais seules mes larmes de douleur et de honte, arrosent la terre humide dans laquelle je m'enfonce.
Un guerrier ne combat pas pour vivre, il vit pour combattre, son arme, reste sa seule amie. Il vainc ou meurt, au nom de son idéal. Il n'a ni maître ni esclave et est seul commandant de sa destiné.

J'ai toujours été tiraillé entre la liberté et l'argent. La pureté ou le bonheur. La conviction ou la normalité, la puissance ou le pouvoir. Et finalement, comme si tous cela était tombé, mes deux univers se sont effondrés l'un sur l'autre.

La tristesse morbide d'un échec inévitable, l'odeur âpre et sèche, douçoureuse, pourtant, d'une chute abyssale et mortelle.

Je pensais que rien ne pouvait vaincre un guerrier, et que la mort n'était que son ultime récompense. Pourtant, une crinière de cheveux flamboyants et des yeux d'un bleu démoniaque, ont eu raison de moi.

Je suis au pied d'un mur que je n'ose pas tenter de franchir, de peur d'en tomber, persuadé qu'une chute me serait mortelle. A genoux dans le sable humide, devant un mur immense, en plein milieu du désert, rien à gauche, rien à droite, et rien derrière. Tel un enfant inexpérimenté, les yeux rouges et les joues salées, et la désagréable saveur, d'un échec, complet.


Je ne suis qu'un homme.